Madame
la Présidente, Chère Reine Codsi,
Mesdames et Messieurs les responsables d’entreprises,
Chers amis,
Chers amis,
Je vous remercie pour votre invitation et merci à M. Armand Pharès pour son mot d’introduction. Je voudrais vous parler aujourd’hui, comme prévu, du « Français professionnel, un atout pour les entreprises libanaises ».
I
- ETAT DES LIEUX
La
formule pourrait paraître provocatrice tant il est généralement admis que la seule langue véhiculaire
des transactions est ou devrait être l’anglais. Nous vivons, il est vrai, un
monde mondialisé, un ‘global village’ selon la formule de Marshall Mc Luhan, qui
s’accompagne de l’affirmation de l’anglais comme langue prédominante.
Mondialisation
ou en anglais globalisation. Nos compatriotes ont souvent peur de ce mot qui signifie
à leurs yeux domination américaine ou plus
généralement anglo-saxonne, et défaite du français. Pourtant, la
mondialisation est d’abord une ouverture à tous et à toutes les initiatives, même des
plus petits. Doubaï n’a-t-il pas émergé sur la carte mondiale à la faveur de
la mondialisation ? La mondialisation et le développement des communications
internet provoquent en fait un éclatement
en multipliant les possibilités, c’est donc en fait une façon de sortir d’un
monde bipolaire dans lequel les moins forts étaient sommés de choisir leur
camp. Si la toile est majoritairement anglophone, elle permet avant tout à tous
de s’exprimer et d’échanger : un professeur d’une de vos universités ici
nous disait récemment combien, contrairement au sentiment répandu, c’était là une chance
pour la francophonie, en permettant
l’accès de tous à des données, documents et textes, voire des sites de
formation en ligne. Ne boudons pas cette joie et restons donc mobilisés pour
aider nos jeunes !
A
bien y regarder, la réalité est donc beaucoup plus contrastée que l’on veut bien le croire. C’est
d’autant plus vrai au Liban, où la maîtrise du français est un atout
substantiel.
1 - Le français, un atout
Deux
raisons à cela : - la force de la francophonie économique libanaise repose
sur une diaspora considérable, qui
s’appuie notamment sur des implantations importantes dans l’espace
francophone (sur tous les continents, Europe, Asie, Afrique, Amériques, Océanie
même).
- les indicateurs des échanges du
Liban avec les pays francophones sont très favorables.
a)
La diaspora libanaise :
Il
faut relever le rôle très important des Libanais de l’étranger dans le soutien apporté à la
francophonie. On estime à 12 millions le nombre de personnes d’origine libanaise
établies hors du Liban. Présente sur tous les continents, cette communauté est
particulièrement importante en France (225 000), au Canada, notamment au Canada
francophone (350 000) et dans les pays d’Afrique sub-saharienne (entre 250 et 300
000 personnes). Ainsi ces populations établissent un pont entre plusieurs
francophonies : ils la renforcent et la revitalisent.
b)
Les échanges commerciaux du Liban avec l’espace francophone : Le français doit être considéré comme un atout
majeur pour les entreprises libanaises, car la France et les pays francophones sont
des partenaires essentiels à l’économie libanaise.
Commerce avec les pays francophones :
Les
échanges du Liban avec les pays francophones ont représenté près de 6 Mds USD au cours de
l’année 2011, soit près du quart des échanges commerciaux du Liban et 15% du PIB
libanais. Le poids des pays francophones dans les exportations et les
importations libanaises est quasiment le même (près de 24%).
1 - Focus sur les principaux
partenaires francophones
La
France, la Suisse et la Belgique font partie des principaux partenaires commerciaux du Liban
au cours de ces dernières années (respectivement 4ème, 5ème et 18ème partenaire commercial
du pays en 2011). La France était le 4ème
fournisseur du Liban en 2011, la Suisse le 6ème fournisseur et le 2ème
marché pour les exportations libanaises, alors que la Belgique constituait le
8ème client des exportations libanaises.
2 - Les échanges franco-libanais
Les
échanges franco-libanais ont représenté 1,31 Md€ au cours des onze premiers mois de l’année
2012. Les exportations françaises en 2011 ont atteint 1,13 Md€, montant
déjà dépassé au cours des onze premiers mois de l’année 2012 (1,27 Md€).
Le marché libanais a une importance particulière pour la France puisqu’il
constituait son dixième excédent commercial au monde (le deuxième excédent français du
Moyen-Orient après les Emirats Arabes Unis)
en 2011 et que la part de marché de la France a atteint près de
9 % au cours des huit premiers mois de l’année 2012, ce qui la place, à ce
stade, au 1er rang des fournisseurs du Liban. L’inverse est également vrai car
les produits français représentaient 7,3% des importations libanaises en 2012.
3 - Les entreprises françaises au Liban
(voir IDE libanais)
Les
liens commerciaux sont très forts entre la France et le Liban, et la connaissance du français
apparaît être un atout supplémentaire pour les entreprises libanaises. En
effet, le nombre d’entreprises françaises qui exportent au Liban a atteint
près de 4800 au cours de ces dernières années, ce qui fait du Liban le
troisième pays du Moyen-Orient en termes d’attractivité des entreprises
françaises. De même, plus de 80 filiales de groupes français sont présentes
au Liban. Je voudrais ici vous rendre hommage pour votre action en relation avec
ces sociétés françaises –si tant d’entre elles sont présentes ici-, notamment des PME,
c’est qu’elles ont trouvé avec vous des partenariats confiants et solides.
Du
côté des relations libanaises en France, même si structurellement, le montant des exportations
libanaises demeure relativement faible, elles existent au travers des
investissements libanais dans le pays. D’après la Banque de France, les flux
d’investissement direct en provenance du Liban ont représenté 1,3 Md€ en 2011,
soit 43% des flux d’investissement des pays du Moyen-Orient en France,
et le stock d’investissement libanais en France a atteint 3,3 Mds € en
2011. 50 % IDE libanais.
4 - Tourisme
Enfin,
la part des touristes en provenance de France dans le montant total des touristes ayant visité le
Liban est passée de 7,8% en 2011 à 14,9% en 2012, alors que la tendance
générale est à une baisse du nombre des touristes.
5 - Les pays francophones d’Afrique
Les
échanges commerciaux entre le Liban et les pays francophones d’Afrique en 2011 représentent
un total de 196 M USD pour les exportations, et de 349 M USD pour les importations, avec
des échanges majeurs en direction de pays
d’Afrique Sub-saharienne comme la Côte d’Ivoire, le Congo, la Guinée,
et des échanges également importants en direction des pays du Maghreb
comme l’Algérie et le Maroc. Je voudrais signaler la place des Libanais
d’Afrique qui, de retour au Liban, sont demandeurs de francophonie,
notamment audiovisuelle.
6 - La présence du français dans les
entreprises au Liban
Les
résultats du Forum régional du français professionnel organisé en mars 2012 à l’ESA, en
partenariat avec l’Institut Français du Liban et le Bureau Moyen-Orient de l’AUF
(Forum auquel le FFA avait contribué et en amont duquel une enquête
avait menée auprès de 138 entreprises), ont montré que plus d’1/3 d’entre
elles ont 50% d’effectifs francophones (ces résultats se confirment si l’on
retire de la liste les entreprises qui ont lien avec la France). Pour les
francophones dans les entreprises, 50% déclarent utiliser le français ‘souvent’,
voire ‘tout le temps’. La proportion varie avec les responsabilités :
les individus exerçant de plus importantes responsabilités sont amenés à
utiliser le français de manière régulière : Niveau manager : Tout le
temps : 5% - Souvent : 36% Niveau Directeur général : Tout le
temps : 17% - Souvent : 42% Niveau membre de CA : Tout le
temps : 26% - Souvent : 29%
En
termes d’outils de communication, selon le questionnaire, les résultats sont hétérogènes. L’anglais est
clairement en position dominante, mais la situation est loin d’être
tranchée. Les entreprises produisent des outils de communication internes
bilingues, voire trilingues (47%). Si on se limite aux entreprises n’ayant pas de
liens institutionnels avec la France, on constate des similarités :
le poids de l’anglais est important mais le français est utilisé dans 30% des cas, et
le trilinguisme représente 20% des situations.
Du
point de vue de la politique de recrutement au sein des entreprises, une majorité des personnes
interrogées déclare que les offres d’emploi de l’entreprise demandent souvent,
voire toujours un niveau en langue française avec la mention « French is
a must ». Même au sein des entreprises
sans lien avec la France, 77% des offres d’emploi requièrent la maîtrise du
français. Dans 52% des cas, le niveau de
français est testé durant l’entretien d’embauche.
Les
entreprises libanaises ont donc une pratique bien éloignée des représentations (souvent
biaisées) : elles adoptent une politique linguistique clairement
articulée avec leurs besoins en termes d’expansion, et font du français
un vecteur de conquête de parts de marchés.
II
- L’ACTION DES AUTORITES FRANÇAISES
Dans
ce contexte, la part qui revient aux autorités françaises consiste à accompagner à renforcer ce
mouvement, au Liban, comme partout dans le monde.
1 – La politique de la France
C’est
le sens du Plan d’action qui a été défini par la ministre déléguée à la Francophonie Madame Yamina
Benguigui, plan d’action qui s’inscrit dans le droit fil de l’engagement
n°58 du Président François Hollande. Ce plan s’articule en plusieurs axes qui
visent la présence et l’attractivité de la langue française dans toutes les
sphères du monde éducatif, médiatique, numérique, culturel et
économique. En cela, la ministre rejoint les orientations du Ministre des
affaires étrangères M. Laurent Fabius, qui a fait de la diplomatie économique
l’un des axes majeurs de sa stratégie.
Quelques
actions programmées dans ce cadre :
Promouvoir l’apprentissage du
français économique dans notre réseau culturel et dans les systèmes éducatifs
étrangers : axe stratégique qui s’appuie notamment sur le dispositif des certifications françaises des
affaires développées par la Chambre du Commerce et d’Industrie de Paris
(Diplôme de français professionnel DFP de la CCIP – A titre
d’illustration : l’Institut Français du Liban pourra offrir bientôt le DFP
Tourisme ; suivront les DFP Affaires, Médical, Juridique, etc.). - Développer des filières
francophones dans les établissements, qui hors des frontières de la France, forment
les dirigeants d’entreprise. L’ESA de Beyrouth joue, à ce titre, un rôle
clé, comme vous le savez. - Encourager les bonnes
pratiques, comme l’adoption de « Protocoles linguistiques ».

Ces
actions s’accompagnent d’une série d’initiatives qui sont prises, en partenariat avec des organismes
multilatéraux comme l’OIF, et des opérateurs comme l’AUF, TV Monde, RFI, etc.
visant à renforcer et développer la présence du français dans l’espace
numérique, dans les échanges scientifiques et artistiques, mais aussi dans la
coopération, en particulier dans des secteurs clés comme la santé,
l’alimentation, l’environnement, la résolution de conflits, toutes
initiatives qui concourent au renforcement de la position du français dans ce qu’il
convient d’appeler le marché des langues.
2 – L’action de l’ambassade de France /
Institut français du Liban
Au
nombre des nombreuses actions, menées notamment par l’Institut Français du Liban et l’ESA, je
voudrais illustrer mon propos pour finir par l’une d’entre elles qui me
paraît paradigmatique d’une coopération particulièrement favorable pour
le développement de la francophonie économique. Je veux parler du FSP
Francophonie (Fonds de Solidarité Prioritaire) qui vient en appui au Pacte
linguistique Liban-OIF signé par les autorités libanaises le 21 octobre 2010, à
Montreux. Ce FSP « Consolidation et
développement de la francophonie au Liban », doté d’1 million d’Euros,
soutient des actions visant à renforcer la place du français dans le monde
professionnel. Lors des comités interministériels consacrés à
l’élaboration du Pacte linguistique, les représentants des ministères libanais
ont tous exprimé le souhait de mettre en place des programmes de français de
spécialité au sein de leur administration
(diffuser aux participants les 2 premiers exemplaires de la « Lettre
du FSP ») A titre d’exemple, les ministères de la justice, des finances et du
tourisme ont exprimé des besoins très clairs dans ce sens : Justice : la langue
officielle au tribunal est l’arabe. Pourtant c’est à partir de la jurisprudence
française que la plupart des décisions de justice sont rendues. De
plus, les liens étroits entretenus par les barreaux de Beyrouth et de Paris
ainsi que les nombreux colloques et conférences organisés en français témoignent de la
vitalité de cette langue, pratiquée au
quotidien par une large majorité des professionnels du Droit au Liban. Finances : les échanges
qu’entretiennent les fonctionnaires du ministère des Finances avec les
institutions du monde francophone sont limités en raison d’une insuffisante
connaissance de la langue française. Selon le ministère, ils ne sont pas
suffisamment préparés à l’évolution de leurs
pratiques professionnelles dans un contexte de mondialisation. Tourisme : le Ministère du
Tourisme a exprimé des besoins au sein même de ses services mais aussi chez
les acteurs privés du secteur. Le ministère travaille actuellement à la
création d’un Label trilingue pour les hôtels
qui seront en mesure d’accueillir et de servir leurs clients dans les 3 langues.
Ce Label trilingue est en cours d’élaboration. Par ailleurs, afin de permettre
aux guides touristiques et aux concepteurs
de brochures touristiques d’exercer en français, en particulier dans le secteur
de l’écotourisme, des formations linguistiques ont été mises en place.
Sur
ce projet comme sur de nombreux partenariats, nous travaillons en lien étroit avec l’Ecole supérieure
des Affaires de Beyrouth. L’ESA occupe en effet une place centrale dans la
promotion du français des affaires au Liban. Comme vous le savez, l’ESA est
partenaire de la CCIP (aujourd’hui appelée la CCI-Paris-IDF), qui promeut les
diplômes et les certifications de français professionnel. Par ailleurs, l’ESA forme en
français les managers de demain. L’école
développe ces activités, non seulement autour des formations en
masters, mais aussi pour la formation professionnelle (certifications bancaires,
centre de formation des banquiers centraux) ou, bientôt peut-être, au niveau
Bachelor, en accueillant des étudiants après le bac français. L’ESA poursuit donc son
développement avec ambition.
Au
Liban comme ailleurs, le monde économique est un monde globalisé, où la place de l’anglais est à
l’évidence prédominante. Néanmoins, un grand nombre de secteurs
(affaires, services, commerce, import-export) est étroitement lié avec les acteurs
économique francophones. Afin de sensibiliser ces acteurs à l’importance de
l’apprentissage du français comme vecteur de profit, le Pacte linguistique prévoit
une campagne de promotion en faveur du français qui sera soutenue par le
FSP.
En
conclusion,
La
France est aux côtés des autorités libanaises, aux côtés des entreprises libanaises pour accompagner, par
une politique à la fois volontariste et déterminée, les stratégies de
marketing francophone. La langue française représente de très sérieux
atouts pour le développement des entreprises libanaises. Dans un monde résolument ouvert
et multipolaire, où le plurilinguisme devient la norme, nous vous remercions pour
votre action et nous sommes à vos côtés pour mieux « vendre » la langue
française et le plurilinguisme, dans le respect de l’identité plurielle libanaise !
Bonjour,
RépondreSupprimerJe me permets de revenir vers vous, et je vous prie d’excuser d’ores et déjà ma démarche qui pourrait paraitre intrusive, car afin de contribuer à surmonter les principaux freins à l’export que sont :
la peur du risque et de l’inconnu ;
la méconnaissance des mécanismes et de la démarche d’exportation ;
l’absence de taille critique (petites ou très petites entreprises),
nous avons lancé au cours du premier trimestre 2011 une alliance internationale d’experts-comptables francophones : www.oui-global.com
Nous sommes partis du constat que l’accompagnement de nos clients respectifs à l’international passait par la connaissance des référentiels techniques, de la langue, des cultures de la francophonie, …
Depuis plus d’une décennie, les entreprises francophones « tentent » d’accélérer le développement de leurs activités à l’international. Les mouvements de restructurations, de fusions et d’acquisitions se sont multipliés.
Ces mêmes entreprises doivent cependant évoluer dans un monde paradoxal : alors que la globalisation des affaires avance à un rythme soutenu, les fortes barrières réglementaires, linguistiques et culturelles qui subsistent et parfois même se renforcent au niveau local, sont autant d’obstacles à la fluidité et à la réactivité nécessaires à leurs performances.
Notre réseau met les compétences techniques et linguistiques de ses membres au service de l'accompagnement des clients francophones dans les pays de nos implantations.
Ce « FRENCH DESK » correspond à notre volonté de renforcer nos relations avec les groupes francophones disposant d'une présence internationale, en éliminant les obstacles traditionnels que peuvent rencontrer leurs filiales étrangères dans leurs relations avec les équipes résultant des différences culturelles et linguistiques.
Notre objectif principal est de permettre aux groupes francophones de bénéficier d’interlocuteurs sans aucune barrière culturelle ou linguistique et qui résultent d'une combinaison de professionnels locaux et francophones, et garantissent à leurs interlocuteurs une compréhension identique des enjeux et règles locales ainsi que des règles, coutumes et usages en vigueur.
Notre accompagnement vise à être personnalisé et opérationnel sur les marchés d’implantation de notre alliance.
Votre bien dévoué,
SB
P.S. : Si le Français est notre langue vernaculaire, l'anglais est la langue véhiculaire