Changeons
le monde ensemble en français
Par Reine Codsi
Présidente du Comité National Libanais du
Forum Francophone des Affaires
C'est en ces termes
que le président de la République française François Hollande a conclu son
discours d'ouverture lors du XVe Sommet de la francophonie qui s'est tenu les
28 et 29 novembre à Dakar.
C'est pour la
première fois que le Liban n'est pas représenté par son chef d'État, et pour
cause : le Liban est sans président de la République depuis le 25 mai
dernier. Il faut avouer aussi que la francophonie n'intéresse plus nos
dirigeants libanais. Et pourtant, le Liban est depuis 1973 un État membre de
l'Organisation internationale de la Francophonie créée en 1970, et le président
Charles Hélou a présidé l'Assemblée internationale des parlementaires de la
francophonie de 1973 à 1979.
La francophonie, ce
n'est pas le partage d'une langue seulement, mais aussi le partage de valeurs
universelles. Comme le disait justement le président Hélou, être francophone,
c'est « tenir un même langage, celui de l'humain et de
l'universel ».
Le français, avec
ses 274 millions de locuteurs, est la 5e langue la plus parlée sur la planète
et la seule, avec l'anglais, à l'être sur les cinq continents.
Au Liban, le
français est la deuxième langue officielle dans les écoles publiques, et on
estime que 45 % de la population est entièrement ou partiellement
francophone.
Le Liban compte
1 645 écoles qui y enseignent le français et 5 universités accréditées par
l'Agence Universitaire de la Francophonie. La diaspora libanaise, estimée à 12
millions de personnes, a une partie non négligeable qui réside en France, au
Canada et en Afrique subsaharienne. Or, nous savons tous que le continent
africain, qui regroupera 80 % des francophones en 2050, s'est installé
dans une croissance soutenue : entre 5 et 10 % par an selon les pays.
Quant aux échanges
commerciaux avec les pays francophones, ils représentaient près du quart du
total des échanges commerciaux ces dernières années. La France s'est placée au
deuxième rang des pays fournisseurs du Liban, sans compter que le nombre des
entreprises françaises qui exportent vers le Liban a atteint 4830 en 2013.
En 2002, à la
clôture du sommet de Beyrouth, des résolutions ont été émises dans une
déclaration appelée « la Déclaration de Beyrouth » dont je ne citerai
que deux points :
- Nous marquons notre préoccupation face à la persistance de la
violence, la recrudescence du terrorisme et l'aggravation des crises et
des conflits de toutes formes. Nous sommes convaincus que le dialogue des
cultures constitue une condition indispensable à la recherche de solutions
pacifiques et permet de lutter contre l'exclusion, l'intolérance et
l'extrémisme.
- Nous condamnons les violations de la souveraineté nationale et de
l'intégrité territoriale des États, l'utilisation des territoires des pays
d'accueil des réfugiés pour déstabiliser leurs pays d'origine, les
agressions armées, les situations d'occupation, la destruction, le pillage
et l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres formes de
richesses, ainsi que les atteintes aux droits de l'homme.
Que reste-t-il de
ces résolutions en 2014, soit douze ans plus tard ?
Nous, Libanais,
qu'avons-nous fait pour les respecter ?
Nous aurions
souhaité avoir un Libanais à la tête du secrétariat de l'OIF pour succéder à
Abdou Diouf. Les noms de trois Libanais, et non des moindres, ont été avancés
(Michel Sleiman, Ghassan Salamé et Tarek Mitri), mais le Liban ne s'est même
pas mobilisé pour présenter leurs candidatures alors que le Canada a lancé une
campagne en faveur de sa candidate Michaëlle Jean depuis plus d'un an et dans
toutes les capitales importantes de la francophonie. Nous ne pouvons que l'en
féliciter.
Nous ne devons pas baisser
les bras pour autant. Mobilisons-nous autour de la francophonie et œuvrons dès
à présent pour qu'un Libanais soit nommé au poste de secrétaire général de
l'OIF lors des prochaines élections. Rêvons avec François Hollande de changer
le monde en français et citons le mot d'adieu de Abdou Diouf : « Dans
ce monde secoué de convulsions, fracturé par les inégalités, démuni face à des
menaces nouvelles,... la francophonie a allumé un phare d'espérance et de
concorde, de solidarité et d'humanisme... ».
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