lundi 8 décembre 2014

Article paru dans L’Orient-Le Jour du 4 décembre 2014

Changeons le monde ensemble en français


Par Reine Codsi
Présidente du Comité National Libanais du Forum Francophone des Affaires

C'est en ces termes que le président de la République française François Hollande a conclu son discours d'ouverture lors du XVe Sommet de la francophonie qui s'est tenu les 28 et 29 novembre à Dakar.

C'est pour la première fois que le Liban n'est pas représenté par son chef d'État, et pour cause : le Liban est sans président de la République depuis le 25 mai dernier. Il faut avouer aussi que la francophonie n'intéresse plus nos dirigeants libanais. Et pourtant, le Liban est depuis 1973 un État membre de l'Organisation internationale de la Francophonie créée en 1970, et le président Charles Hélou a présidé l'Assemblée internationale des parlementaires de la francophonie de 1973 à 1979.

La francophonie, ce n'est pas le partage d'une langue seulement, mais aussi le partage de valeurs universelles. Comme le disait justement le président Hélou, être francophone, c'est « tenir un même langage, celui de l'humain et de l'universel ».

Le français, avec ses 274 millions de locuteurs, est la 5e langue la plus parlée sur la planète et la seule, avec l'anglais, à l'être sur les cinq continents.

Au Liban, le français est la deuxième langue officielle dans les écoles publiques, et on estime que 45 % de la population est entièrement ou partiellement francophone.

Le Liban compte 1 645 écoles qui y enseignent le français et 5 universités accréditées par l'Agence Universitaire de la Francophonie. La diaspora libanaise, estimée à 12 millions de personnes, a une partie non négligeable qui réside en France, au Canada et en Afrique subsaharienne. Or, nous savons tous que le continent africain, qui regroupera 80 % des francophones en 2050, s'est installé dans une croissance soutenue : entre 5 et 10 % par an selon les pays.

Quant aux échanges commerciaux avec les pays francophones, ils représentaient près du quart du total des échanges commerciaux ces dernières années. La France s'est placée au deuxième rang des pays fournisseurs du Liban, sans compter que le nombre des entreprises françaises qui exportent vers le Liban a atteint 4830 en 2013.

En 2002, à la clôture du sommet de Beyrouth, des résolutions ont été émises dans une déclaration appelée « la Déclaration de Beyrouth » dont je ne citerai que deux points :

  • Nous marquons notre préoccupation face à la persistance de la violence, la recrudescence du terrorisme et l'aggravation des crises et des conflits de toutes formes. Nous sommes convaincus que le dialogue des cultures constitue une condition indispensable à la recherche de solutions pacifiques et permet de lutter contre l'exclusion, l'intolérance et l'extrémisme.
  • Nous condamnons les violations de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale des États, l'utilisation des territoires des pays d'accueil des réfugiés pour déstabiliser leurs pays d'origine, les agressions armées, les situations d'occupation, la destruction, le pillage et l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres formes de richesses, ainsi que les atteintes aux droits de l'homme.

Que reste-t-il de ces résolutions en 2014, soit douze ans plus tard ?
Nous, Libanais, qu'avons-nous fait pour les respecter ?

Nous aurions souhaité avoir un Libanais à la tête du secrétariat de l'OIF pour succéder à Abdou Diouf. Les noms de trois Libanais, et non des moindres, ont été avancés (Michel Sleiman, Ghassan Salamé et Tarek Mitri), mais le Liban ne s'est même pas mobilisé pour présenter leurs candidatures alors que le Canada a lancé une campagne en faveur de sa candidate Michaëlle Jean depuis plus d'un an et dans toutes les capitales importantes de la francophonie. Nous ne pouvons que l'en féliciter.

Nous ne devons pas baisser les bras pour autant. Mobilisons-nous autour de la francophonie et œuvrons dès à présent pour qu'un Libanais soit nommé au poste de secrétaire général de l'OIF lors des prochaines élections. Rêvons avec François Hollande de changer le monde en français et citons le mot d'adieu de Abdou Diouf : « Dans ce monde secoué de convulsions, fracturé par les inégalités, démuni face à des menaces nouvelles,... la francophonie a allumé un phare d'espérance et de concorde, de solidarité et d'humanisme... ».


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire