lundi 26 octobre 2009

L’ENVIRONNEMENT : MOTEUR DU PROGRES EN MEDITERRANEE

DES POLITIQUES SERVANT LA VISION D'UNE MEDITERRANEE 'DURABLE’
EXTRAIT DE LA PUBLICATION DU FFA - V
Par Fadi Comair




Le défi environnemental est l’un des plus dangereux dans les pays francophones méditerranéens. L’enjeu, ayant trait aux atouts majeurs et qui font la particularité de la région méditerranéenne à savoir le tourisme, les ressources naturelles et le secteur agricole, est donc de taille. La persistance d’une mauvaise gestion des ressources naturelles rares, notamment l’eau, la mauvaise exploitation des terres agricoles, la pollution des sources d’énergie et la détérioration du littoral compromettent le développement économique, la qualité de vie et la stabilité sociale des pays des rives sud-est du bassin. La poussée démographique et le chômage, associés aux faiblesses des administrations publiques et aux problèmes sociaux, augmenteront encore plus à l’avenir ces pressions.

L’augmentation potentielle de la pression environnementale dans les régions côtières pour les 20 prochaines années est considérable. Cela, en considérant certaines projections, en particulier les prévisions du tourisme, avec 137 millions de visiteurs supplémentaires, des transports, qui devraient plus que doubler en volume, de l’urbanisation (33 millions de personnes supplémentaires à loger), et de l’étalement urbain ainsi que des infrastructures énergétiques. En outre, l’expansion continue des industries polluantes est susceptible d’augmenter gravement les coûts de la détérioration environnementale, lesquels, selon les chiffres de la Banque mondiale, représentent déjà entre 3 et 5 % du PIB.

L’avenir des pays francophones méditerranéens doit se fonder sur la vision à long terme d’une Méditerranée “durable”, c’est-à-dire politiquement stable, prospère et pacifique. Cette vision se fonde sur le choix volontariste d’un scénario “gagnant-gagnant”, qui entend favoriser le co-développement du Nord et du Sud, tout en exploitant les synergies positives de la gestion rationnelle de l’environnement, du développement, et de la gestion économique. Une dynamique de complémentarité et d’échange devra ainsi être développée autour d’un concept fort de “destin partagé” et de responsabilités communes.

La région devrait évoluer vers un modèle de coopération fortement intégrée au sein d’un espace méditerranéen élargi, prospère et stable en vue de concrétiser une union forte en Méditerranée. Le développement de cette nouvelle entité se fondera sur la reconnaissance des valeurs mutuelles et de la diversité, où l’ensemble des pays s’investiront dans des processus de gouvernance. Ces processus devront favoriser à leur tour le développement durable, la croissance économique et l’amélioration des niveaux de vie.

Selon ce scénario, la nouvelle Méditerranée saura s’inscrire avec succès dans la mondialisation en valorisant ses spécificités, ses complémentarités et ses synergies avec les pays voisins de l’Union européenne et de la Ligue des États arabes. Les fractures économiques et sociales entre les pays francophones méditerranéens pourront se réduire progressivement, et les objectifs du Millénaire pour le développement seront atteints. Les villes deviendront de véritables vecteurs de développement régional, tandis que des emplois pourront être créés via de nouveaux créneaux porteurs, la recherche et le développement en tête.



Pour la durabilité du développement économique, social, environnemental et de la gouvernance

La promotion du développement durable doit être ventilée selon 4 domaines, à savoir, l’économique, le social, l’environnemental et de la gouvernance. La croissance économique et la protection de l’environnement sont considérées en tant qu’actions compatibles qui visent à renforcer le développement économique tout en diminuant la pression sur les ressources naturelles. Sur le plan de l’investissement financier, on devrait aboutir à un équilibre entre la satisfaction des besoins des populations, les exigences des activités économiques et la protection de l’environnement et répondre partant, à la demande d’emplois et aux besoins sociaux.

Cet objectif pourrait être atteint en renforçant les financements internationaux et économiques pour satisfaire les besoins des pays du sud-est de la Méditerranée. L’objectif social étant de réduire les disparités, il faudrait renforcer les projets d’éducation ainsi que les campagnes de sensibilisation aux droits de l’homme et à l’égalité entre les sexes. La promotion des échanges culturels est essentielle pour consolider le tourisme culturel et la mise en valeur des patrimoines nationaux.

Pour imposer le concept de la gestion durable des ressources naturelles, la priorité doit être donnée à la protection de la mer, du littoral, du climat et de la qualité de l’air, des ressources en eau, des sols et de la biodiversité. De plus, une action complémentaire doit être menée dans le domaine de la gestion durable du patrimoine culturel et paysager.

Enfin, l’amélioration de la gouvernance à l’échelle locale, nationale et régionale exige, que l’exercice du pouvoir des gouvernements des pays des rives sud-est se pratique dans le cadre d’une démarche de participation, de responsabilité, d’efficacité et de cohérence. Un État de droit doit être instauré avec des mesures anti-corruption.

Toutes ces exigences constituent les bases indispensables du développement durable des pays francophones méditerranéens.



Les actions prioritaires pour relever ces défis

Il est indispensable de traduire les objectifs cités précédemment en projets concrets afin d’élaborer la feuille de route qui doit traiter les 3 domaines d’actions prioritaires et interdépendants, à savoir, la maîtrise de l’énergie et des transports pour atténuer les effets du changement climatique, la gestion intégrée des ressources en eau et la gouvernance.

Des politiques régionales et nationales aptes à anticiper les évolutions prévues dans le domaine du transport, devraient être adoptées et des normes obligatoires sur les véhicules à moteur appliquées, à l’instar des États de l’UE, si l’on veut gérer de façon durable ce secteur.



Concernant la gestion intégrée des ressources en eau, rares dans les pays francophones méditerranéens, fragiles et inégalement réparties dans l’espace et le temps, le changement climatique devrait accentuer l’irrégularité des pluies et diminuer leur volume. En raison de ces précipitations aléatoires et de l’aridité des pays situés sur les rives sud-est du bassin, l’alimentation en eau constitue une contrainte majeure pour le développement économique et pour l’agriculture. Le secteur agricole est le plus gros consommateur d’eau et représente 60 à 80 % des ressources en eau renouvelables des pays francophones méditerranéens. La population disposant de moins de 1 000 m3 par habitant et par an, s’élève à 108 millions d’habitants et pourrait atteindre 165 millions en 2025. Certains pays du bassin sont dans une situation critique de “stress hydrique” selon le classement des Nations Unies.

Les stratégies nationales ont privilégié des politiques de l’offre en multipliant les infrastructures hydrauliques (barrages et lacs) et les forages.

La plupart des pays francophones méditerranéens sont donc confrontés simultanément à plusieurs questions liées à l’exploitation de la ressource en eau et qui sont :
- comment gérer durablement les ressources hydriques ? Comment assurer l’accès à l’eau potable aux populations non encore desservies ?
- comment habituer les usagers à des pratiques et des comportements économes en eau ?

Le premier défi qui se pose aux agences des eaux concerne les politiques de gestion de la demande. Le second défi appelle la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Le troisième défi appelle au renforcement des partenariats entre utilisateurs et organisations locales de gestion de l’eau, ainsi que des campagnes de sensibilisation aux économies d’eau auprès des usagers.

Certains pays du Nord comme du Sud ont commencé à assurer une gestion plus efficiente de l’eau tel que recommandé par le Sommet de Johannesburg. L’UE a lancé une initiative pour l’eau dont la composante méditerranéenne représente un cadre de coopération pour contribuer à atteindre dans la région, les objectifs du Millénaire pour le développement. Il est utile de noter que le Liban a déjà mis en application cette stratégie en 2005.


Appliquer la feuille de route dans le secteur de l’eau

Une coopération régionale au niveau des pays francophones méditerranéens favorise l’application rapide de la feuille de route dans le secteur de l’eau.



Concernant la bonne gouvernance, considérée en tant que résultante du respect des dispositions législatives et réglementaires, elle aboutit à l’émergence d’un système administratif impartial, efficace, intègre et anti-bureaucratique, agissant en toute transparence avec les citoyens. Le rôle des gouvernements ne doit pas se limiter seulement à rechercher une meilleure efficacité de l’administration et des services publics, mais aussi chercher à humaniser les rapports entre citoyens et fonctionnaires, et faciliter l’accès des administrés à leurs droits ainsi que veiller partout et en tout temps à ce qu’ils soient respectés sans considération de leur place dans la société. La bonne gouvernance doit privilégier dans les pays francophones méditerranéens l’application de la justice et de l’équité au niveau de l’administration.



La publication complète "Le Liban et l'espace économique arabo-francophone" est disponible à la Librairie Antoine.


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